elle joue la nuit

Créé par Dall-e sur le texte de mon poème
elle joue
et par la porte ouverte
les notes du piano fuient
je les regarde
s’envoler dans la nuit
danser là-haut
sans anicroche
sur un tempo si lent
que noires et croches
caressent les nuages blancs

elle joue
et le temps s’arrête
de respirer
moi aussi
la nuit est grave
et la musique aigue

elle joue
et ne sait pas
sa grâce à elle
pour moi
tout ce qu’elle touche luit
ses mains créent ma lumière
chemin balisé dans la nuit

elle joue
et le vent profite d’un soupir
pour pousser le sien
moi aussi
la musique et la nuit
sœurs jumelles
de l’attente

elle joue
et envoie ses notes
en estafettes
points d’interrogations
titubant sans fin
dans la nuit
de ma tête étoilée

elle joue
et sa musique alanguit les étoiles
une à une
le ciel complice me sourit
dans son halo
de lune
sans elle au piano
la nuit ne serait plus jamais la même
moi non plus
ou je serais la nuit

pluie rouge

la pluie rouge tomba sur la ville
honteuse la mer partit se cacher
emportant avec elle les poissons affolés
les maisons blanches tremblaient de peur
puis un cri vibrant jaillit de la cote
déclamant aux gens perdus
creusez loin cherchez au-delà de l’illusion
née du cauchemar des hommes
vivez le présent et ses cadeaux
le sourire revint sur les quais
et le monde finit par s’habituer
à ces nouvelles couleurs
qui rendaient la vie plus joyeuse

halo qui luit

Dall-e sur la base du texte du poème
peu à peu la nuit se pare de noir et brume
s’emmitouflant dans un manteau d’ouate infernale
aux teintes bleuies de zinc rocher d'araignée
l'horizon gris s’enterre dans un brouillard sale
abritant un labyrinthe d’inimitiés
le ciel en pleurs se lie à la terre qui fume 

désemparée par ce règne nu
où les couleurs de la vie se diluent
l'âme gémit désorientée
pleurant les mots refoulés
les émotions perdues
les sourires reclus
les sentiers lumineux qui se sont éteints
les paysages qu'elle n'aura jamais peints  

elle fait plus que pleurer serpillière
elle se tord de douleur la sorcière
s’arrachant des tonnes de vies ratées
les murs de la nuit noire se recréent  

dans le froid sombre comme une pieuvre qui hurle
où tout se tait
où rien ne plait
furtif un mouvement esquisse une virgule  
ridicule derrière son halo bleuté
la lune tente une épopée incertaine
uniforme trouée de grisaille ironique
le cercle mal dessiné
s'élève péniblement sur les hommes
pour que l’âme s'accroche
sans la moindre anicroche  

je discerne là-bas une lueur moirée
cible vacillante qui ne veut pas mourir
étendard de révolte à la fin du soupir
que je pourrai enfin brandir pour espérer

le halo qui luit met le holà à ma nuit