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la brume

Fitz Henri Lane - Gloucester Harbor - 1860

Dall.e - 2024
Photo Bérangère Costa - 2024
je suis l’humide gris
perlant de gouttes
sur le pont salé
je suis le voile du marin
enrobant le navire
pour lui dérober la vie

porteuse de poisse
je suis la fatalité
faiseuse d’angoisse
à qui on finit
par s’habituer

quand je suis là
sans m’être annoncée
anxieux le marin
ne voit plus rien
silencieux aux aguets
l’oreille tendue
il écoute ausculte
car il le sait
je ne pardonne rien
ni l’invisible rocher
ni la boussole affolée

sur la cote floutée
le phare sans veilleur
peut se moquer de moi
mais que m’importe
où son regard porte
tenace obstinée
d’une infinie patience
je tisse ma toile
d’ombre et de destin
posément je déploie
mon filet de mailles
à l’invisible ouate
enserrant ses proies

et pour un temps incertain
sous la loi de l’indistinct
moi juge suprême
j’abolirai la frontière
entre laideur et beauté
pour tout emmêler
sans remords
le jour et la terre
la nuit et la mer
la vie et la mort

Texte de Luc Fayard, inspiré par une photo de Bérangère Costa, https://www.facebook.com/profile.php?id=100009044870505 
Explication des illustrations: 1ère étape : j'écris ce poème inspiré par la photo ; 2ème étape: je donne la photo et le poème à ChatGPT et lui demande de me trouver un tableau pour l'illustrer ; 3ème étape: je demande à ChatGPT de créer une image dans le style de Turner pour illustrer mon poème.

les mots

galets plats bondissant
sur l’eau trouble
d’un lac de pensées
toile d’araignée
de sentiments croisés
entre indicible et non-dit
permanent jeu pervers
du son et du sens
esquisses imparables
de beauté révélée
notes seules fusant
vers la cible lointaine
ou gaiement accolées
en résonance
signes obsolètes
à peine dessinés
dans le labyrinthe touffu
de l’âme à la raison
étendards bariolés
portant les écussons
de la liberté conquise
rochers de marbre
en taille directe
ou bijoux ciselés
au poinçon d’artisan
vagues séquentielles
sur la mer houleuse
des désirs enchaînés
méandres menant au but
par des détours obligés
ou lignes imparables
de traits volontaires
truelles de l’éternel
puzzle de vérité
nuages pépites d’un ciel
aux reflets de lumière
trésors accordés
à qui veut ouvrir
leurs serrures naturelles
posez-les sur un cercle
libres et solidaires
les mots vous habiteront
à jamais

grand chapiteau

entrez mesdames et messieurs
sous le grand chapiteau
du cirque de la vie
venez par ici
vous qui avez vécu
la vie de haut en bas
ces choses-là
que vous allez voir
vous savez qu’elles existent
indicibles et secrètes
vous les avez connus
ces petits riens 
ces grands moments
mais vous les avez perdus
avec le temps

alors entrez dans le village 
des sentiments vrais
vous n’oublierez pas 
cette odyssée 
ce retour 
aux sources de l’homme pur
on vous le jure
un parcours impossible 
mais pourtant réel
les preuves les voici

que battent les tambours
que se lève le rideau rouge
du grand chapiteau
ici vous verrez vous toucherez
vous sentirez vous entendrez

l’amour qui se renforce 
au fil des ans
comme un rocher poli
par la marée
le sourire donné à l’autre
sans demande en retour
et qui éclairera sa vie
la différence acceptée
au milieu de tous
comme si de rien n’était
l’écoute attentive 
à la parole sincère
les gestes doux des mains
plumes légères
qui se frôlent délicatement
les sourires en miroir
se répondant en silence

enfin et surtout vous verrez 
le soir discret tomber
comme un voile de mariée
sur les maisons réchauffées
la nuit qui s’égrène lentement
sur un tempo différent
et le matin qui dit bonjour
en baillant

cette route de la vraie vie 
rien que pour vous 
la voilà la voici 
sous le grand chapiteau
du cirque de la vie

et qui sait 
si vous avez gardé en vous
une bribe d’âme sans âge
peut-être pourrez-vous
reprendre ce voyage 
et qu’il dure toujours

illustré par un montage de trois images IA créées à la demande

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